The Sky in a Room: domestic landscape and synthetic fine arts / LAPIS

LAPIS présente une méthode de recherche opérationnelle axée sur la déconstruction technique de l’œuvre d’art en tant qu’outil de lecture de l’espace architectural et de la forme bâtie dans leur dimension historique et constructive. En examinant l’intérieur domestique à travers l’œil de l’artiste qui peint le réalisme fantastique de la vie quotidienne, il est possible de reconstruire non seulement une histoire sociale de la culture du logement, mais aussi de redéfinir les éléments typologiques et les caractères topologiques de la maison bourgeoise européenne. Le discours se déploie d’une part sur la construction d’une généalogie de l’héroïsme quotidien et d’autre part sur l’analyse phénoménologique de l’espace domestique.

L’objet principal de l’enquête est la définition de l’ensemble des éléments qui constituent la réalité au- delà de la toile : l’architecture dans sa spatialité et son langage, la composition entre les objets du quotidien et les points de vue adoptés, la résonance entre les matériaux et les conditions atmosphériques spécifiques ; le tout en décryptant le filtre narratif du peintre, dans une critique opérationnelle de l’histoire de l’art par le biais d’une approche scientifique. L’enjeu sous-jacent est la dichotomie entre transition digitale et continuité analogue. La représentation architecturale, sans cesse redéfinie par l’évolution des outils à sa disposition, se place autant dans la continuité d’une pratique picturale à la recherche de la Vérité, que dans celle du dessin d’architecture dans sa dimension spéculative et intemporelle. La vraisemblance, but ultime, est atteinte grâce à la modélisation, au rendu de synthèse, et à la manipulation numérique.

L’exposition, conçue par Filippo Fanciotti, présente les études réalisées par le Laboratoire LAPIS entre 2016 et 2023 (rééditées par nos soins), sous forme de diptyques allégoriques. Une Reconstruction du tableau est exposée sur le panneau de gauche, questionnant l’essence même de la réalité représentée, dévoilant les corrections de perspective, les omissions ou autres choix des peintres de plier tous les phénomènes physiques et optiques à leur avantage afin de peaufiner leurs narrations en images. Tandis que le panneau de droite montre une œuvre de Déconstruction, dont les variations des éléments techniques constitutifs de l’œuvre originale entrent en dialogue avec cette dernière. Explorant la relation entre intérieurs et extérieurs, transformant en fait l’enveloppe architecturale en une véritable machine scénique, le discours de LAPIS reprend le paradigme baconien selon lequel la connaissance passe par la représentation, en interrogeant le domestique, le quotidien, le banal, ainsi qu’en abordant le rôle narratif assumé par les séquences spatiales.

La vision inédite qui se dégage des images de l’exposition, enfin privée de la présence humaine, offre à l’architecture l’occasion de parler laconiquement d’elle- même à la première personne, de se mettre à nu dans toute sa banale splendeur et de réaffirmer sa a présence, la plus souvent ignorée.