Fungi, un monde sans fin
Event details
Date | 28.11.2024 › 23.02.2025 |
Speaker | Mario Del Curto, photographe |
Location | |
Category | Exhibitions |
Cette exposition du photographe Mario Del Curto présente un ensemble de photographies de champignons et fait suite à deux événements organisés en 2023 autour du mycélium par le CDH-Culture de l'EPFL.
Vernissage : jeudi 28 novembre à 18h30
Exposition jusqu'au 23 février 2025
Les recherches visuelles de Mario Del Curto questionnent l’image d’un monde qui est, en grande partie, invisible à l’œil nu. Le photographe attire l’attention sur les équilibres complexes de la vie du sol et même du sous-sol qui sont indispensables au développement de la vie sur terre. Depuis plus de quinze ans, il crée des projets visuels qui visent à sensibiliser le public aux problèmes environnementaux.
Pour Fungi, un monde sans fin, Mario Del Curto a travaillé avec Katia Gindro, biologiste et responsable du groupe de recherche Mycologie à l’Agroscope de Changins. Il a développé des collaborations scientifiques avec de très nombreuses personnes de par le monde (Russie, Chine, France et Suisse).
L’exposition reprend de manière transversale les thèmes de recherche du photographe, à savoir :
- Qu’est-ce qu’un champignon, que sont le réseau mycélien, les levures, les moisissures et les champignons que l’on « connaît », c’est-à-dire ceux que l’on voit
- Les champignons sont partout, expérience de récolte de spores en ballon
- Les champignons, sources de nouvelles molécules
- La photographie illumine la biologie : montrer les couleurs, textures, formes et matières des champignons
- Reportage sur le champignon alimentaire
Vous avez dit "champignon"?
Pendant longtemps, les champignons étaient considérés comme des organismes issus de la décomposition du vivant, bien que certains spécimens soient utilisés pour leurs vertus médicinales. Les représentations mycologiques les plus anciennes remontent à plus de 1’500 ans avant notre ère. Avec le développement des microscopes et surtout grâce à la perspicacité des botanistes, on accède à une compréhension plus profonde des champignons. C’est le début de l’aventure mycologique scientifique.
Le règne des champignons commence là où l’œil s’arrête ! Le monde fongique est essentiellement un monde souterrain qui s’étend, par le réseau du mycélium, sous des surfaces pouvant atteindre jusqu’à des centaines d’hectares pour une seule espèce. Les champignons que l’on voit, ceux dont on se régale, ne sont que des porteurs de spores, sortis de terre grâce à une relation sexuelle cachée, souterraine. Dans la forêt, ils jouent un rôle tant dans leurs relations avec les arbres que dans leurs capacités à dégrader toute la matière organique, de la litière de feuilles mortes au bois, et permettre au cycle du carbone de s'accomplir. Sans eux, les arbres morts s’entasseraient sur des hauteurs incommensurables.
Depuis des siècles, les humains ont consommé des champignons. Avec la sédentarisation, la culture des champignons a commencé : on retrouve des traces de ces cultures en Chine, plusieurs siècles avant notre ère. En Occident, le champignon de Paris (Agaricus bisporus) est le plus connu, cultivé dès le XVIIe siècle. Depuis quelques années, les champignons sont à la mode, pour leurs vertus médicinales et alimentaires souvent redécouvertes. Les Chinois sont les plus grands producteurs de champignons dont la morille.
La science mycologique est principalement occidentale. Mais à l’Est, tout comme pour la préservation des graines, les Russes ont des connaissances anciennes dans la caractérisation des champignons, provenant principalement de l’observation.
Actuellement, l’étude du rôle des champignons dans le vivant est très active, par exemple pour la recherche de nouveaux matériaux (textiles, emballages) ou de médicaments à partir de molécules fongiques. Avec l’Agroscope de Changins, Mario Del Curto a suivi le prélèvement de spores dans la stratosphère et dans les sédiments du Léman, à la recherche de champignons qui pourraient dévoiler de nouvelles molécules.
Et la photographie dans tout ça ?
Mario Del Curto explique pratiquer une photographie simple, sans effet et sans artifice, persuadé que l’extraordinaire est dans la réalité. Et, avec le Centre de microscopie de l’Université de Lausanne, il a pu voyager dans l’infiniment petit. Photographe, Mario Del Curto est sensible à la beauté des formes. Il a photographié les champignons tels des vivants extraordinaires, aux formes sculpturales, dont la vibration des textures, le chant des couleurs, la complexité des figures l’ont conduit à emmener des espèces dans son studio pour en tirer le portrait sublime et essayer de mieux les raconter. Il est évident que la science se fait par les images. Fungi, un monde sans fin nous dit aussi que la science se fait avec les images. La photographie, qu’elle soit documentaire, d’observation et plasticienne, nous rapproche et nous met en relation étroite avec le monde naturel et offre ici une merveilleuse histoire visuelle des champignons.
Eléments biographiques
Mario Del Curto (1955) se passionne très tôt pour les images. Autodidacte, il privilégie l'empirisme à l'apprentissage de techniques académiques et multiplie les collaborations en Suisse et à l'étranger. Portant un regard interrogateur sur le monde qui l'entoure, il pratique une photographie engagée. Ses travaux sur les mouvements sociaux des années 1970–1980 aboutissent notamment à la publication du livre Suisse en mouvement avec Philippe Maeder et Armand Dériaz.
En 1980, il devient reporter freelance et commence la photographie de scène, notamment pour le théâtre et la danse. De 1981 à 2013, il est le photographe attitré du Théâtre de Vidy à Lausanne dont il a construit l'identité visuelle avec le graphiste Werner Jeker. En 1983, il découvre l'Art brut et se passionne pour cette forme de création instinctive et sans concession. Ce sont surtout les auteurs.trices de ces œuvres, leur parcours et leur regard sur le monde qui l'attirent. Il parcourt le globe à leur recherche et leur consacre de nombreuses expositions et publications.
En 2008, le photographe lance, avec Patrick Gyger actuel directeur de Plateforme 10 à Lausanne, l'idée d'une recherche sur les jardins utopiques et, de voyages en découvertes, développe un vaste projet sur les relations que les hommes ont entretenues avec le végétal.
Les photographies de Mario Del Curto sont présentées dans des galeries et musées internationaux, notamment au Photo Elysée et à la Collection de l'Art Brut à Lausanne. De 2017 à 2020, le photographe participe à la programmation de la Ferme des Tilleuls, lieu culturel à Renens.
Remerciements:
- La Loterie Romande
- La Fondation philanthropique Famille Sandoz
- La Fondation Gelbert
- La Fondation Casino Barrière
- La Fondation Ernest Dubois
- L’Association Mordache qui soutient son travail depuis 2006
- Dr. Katia Gindro à l’Agroscope de Changins
- Le Centre de microscopie électronique de l’Université de Lausanne
- L’Institut de Radiologie de l’Ouest lausannois
- Le Conservatoire et Jardin Botaniques de la Ville de Genève
- Dr. Soizic Prado au Museum National d’Histoire Naturelle de Paris
- L’Institut de Mycologie à Saint-Petersbourg
- Le professeur Xhu à Mianyang en Chine
- Anne-Sylvie Bameule et les Editions Actes Sud à Arles
- Le professeur Jean-Luc Wolfender et le Dr. Emerson Ferreira aux HUG
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