Honorary Lecture - Prof. Edgard Gnansounou

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Event details

Date 14.03.2023
Hour 18:0019:45
Speaker Prof. Edgard Gnansounou
Location Online
Category Inaugural lectures - Honorary Lecture
Event Language French, English
Date: 14 March 2023
Time: 18:00 – 19:45
Introductions by the Dean, lectures by Prof. Jean-Louis Scartezzini and Prof. Edgard Gnansounou. Followed by an Apero.
Place: Rolex Learning Center
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Title:
La sécurité énergétique face au défi du changement climatique: entre « l’impasse autocentriste » et « l’équité mondiale »


Abstract
La sécurité énergétique est un thème central de la littérature  scientifique consacrée à l’énergie. Qu’il s’agisse des questions de nature géopolitique qui concernent la sécurisation de l’approvisionnement énergétique ou de la conception de la politique énergétique d’un pays et de son suivi, le concept de sécurité énergétique est souvent convoqué pour justifier ou s’opposer à des stratégies énergétiques.
Dans la littérature internationale, ce thème priorise les pays industrialisés du fait de la sensibilité plus grande de leur économie à la disponibilité de l’énergie et à son accessibilité.
Mes travaux en lien avec ce thème m’ont conduit en 2008 à développer une méthode de résilience énergétique et à proposer une métrique combinant différents indicateurs tels que :
  • L’intensité énergétique
  • L’intensité en émission de CO2 de l’approvisionnement énergétique
  • La dépendance à l’importation nette de pétrole et de gaz naturel tenant compte d’une pondération des sources d’approvisionnement par des facteurs géopolitiques
  • L’autosuffisance en électricité
  • La diversité du mix énergétique pour la génération  d’énergie électrique
  • La diversité du mix des carburants.
Une confrontation entre cette modélisation et les défis du changement climatique met en évidence la nécessité d’une conception plus large voire d’une remise en cause du concept même de sécurité énergétique. La recherche, pour les pays industrialisés, d’une énergie disponible et accessible de par le monde relève d’une conception « autocentriste » qui accorde peu de place aux conséquences dans les pays fournisseurs et au-delà, à l’état écologique de la planète.
La sobriété énergétique dans les pays industrialisés contribuera certes à réduire les tensions entre la demande et l’offre mondiale d’énergie mais n’est pas la panacée. Le recours grandissant aux énergies renouvelables dans les pays industrialisés est un autre élément stratégique dans la recherche d’une solution globale mais pose d’autres questions liées à certaines ressources peu disponibles telles que certains métaux rares.
L’abandon du fossile, nécessaire pour parvenir à la neutralité climatique, ne peut être efficace que s’il a lieu sur l’ensemble de la planète, ce qui paraît improbable à l’horizon 2050 pour des raisons multiples. Limiter cet objectif à certains pays industrialisés procèderait d’un autocentrisme « vertueux» par opposition à l’ « insatiété prédatrice ».
La focalisation sur les pays industrialisés du concept de sécurité énergétique conduit inévitablement à «l’impasse autocentriste ».
A l’avenir, la croissance de la consommation d’énergie se poursuivra de manière forte dans le reste du monde. L’offre énergétique dans ces pays continuera à dépendre de manière significative des sources d’énergie fossiles. Les pays industrialisés seront aussi impactés par cette situation du fait du réchauffement climatique et de ses conséquences. Ceci impliquera donc dans ces pays, des coûts croissants d’adaptation.
Il convient donc de changer de paradigme et de considérer la contribution de ces pays au reste du monde pour réduire la part du fossile dans leur mix énergétique, non pas comme une aide généreuse, mais comme la compensation indispensable d’une responsabilité assumée des causes du changement climatique. Cette responsabilité est, de fait, héritée du processus historique d’industrialisation. Le degré de responsabilité écologique devrait varier d’un pays industrialisé à l’autre.
Ainsi au concept de sécurité énergétique qui arbore les frontières nationales et géopolitiques devrait se substituer celui d’une sécurité écologique fondée sur une conception d’équité mondiale. Cette conception devrait procéder d’une éthique de responsabilité collective mais différenciée. Loin d’être culpabilisatrice elle doit refléter le caractère global du changement climatique qui nous impose un partage équitable des coûts de mitigation. La transition énergétique sera planétaire ou ne sera pas. Elle se fera à une vitesse qui nous sera imposée par le reste du monde si  nous n’en faisons pas notre affaire.


About the speaker
Edgard Gnansounou a obtenu son diplôme d’ingénieur civil à l’EPFL en 1983, puis son doctorat en 1991, avec une thèse dans le domaine de la planification énergétique. Nommé maître d’enseignement et de recherche en 2006, il est promu professeur titulaire en 2011.
Il a travaillé dans le laboratoire de systèmes énergétiques (LASEN) de 1983 à 2003, avant d’en prendre la direction jusqu’en 2009. Le LASEN, devenu l’unité « Bioénergie et Planification Energétique (BPE) » est actif dans l'intégration à grande échelle des énergies renouvelables dans les systèmes existants dominés par les énergies fossiles. Il en est responsable jusqu’à son départ à la retraite. Il a également dirigé plusieurs projets pluridisciplinaires en Europe, Amérique Latine, Asie et Afrique. 
Ses travaux de recherche ont porté plus particulièrement sur trois sujets de nature méthodologique, à savoir : l’allocation des ressources et des émissions dans le cadre de l’analyse de cycle de vie ; l’évaluation de la conformité au développement durable pour des produits et des systèmes ;  la sécurité énergétique. Dans chacun de ces domaines, Edgard Gnansounou a développé des méthodes innovantes. 
L’enseignement du professeur Gnansounou a reposé sur l’apprentissage par problème appliqué à l’élaboration et à l’évaluation multicritère de stratégies énergétiques en avenir incertain. Il a dispensé des cours dans les cycles bachelor, master, et à l’école doctorale.
Edgard Gnansounou a développé des outils d’aide à la décision en matière de planification énergétique dont le plus connu est PLANELEC-PRO pour la planification  du développement à long terme d’un parc des moyens de production d’électricité. Il a aussi contribué à la planification énergétique territoriale avec comme point particulier, la recherche d’un compromis entre la génération centralisée, décentralisée et répartie d’énergie.


 

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