Le sommet qui cache la montagne

Thumbnail

Event details

Date 16.12.2021 10.04.2022
Hour 06:0023:59
Speaker Laboratoire d’Histoire des sciences et des techniques (LHST), Olga Cafiero, Pascale Favre, Joell Nicolas et Chloé Pannatier
Location
Rolex Learning Center
Category Exhibitions
Event Language French, English

L’exposition "Le sommet qui cache la montagne" présente quarante planches qui entrecroisent reproductions de documents historiques et témoignages visuels et sonores. L'exposition comprend les photographies d’Olga Cafiero, les dessins et peintures de Pascale Favre ainsi qu'une table d’orientation permet l’écoute de la pièce sonore de Joell Nicolas. Entre approche sensible et mesures scientifiques, entre mémoire et temps présent, cette exposition construit les traces d’une expérience collective.

L'EXPÉRIENCE COLLECTIVE:
Refaire une expérience scientifique, revivre une aventure humaine, c’est le projet que se sont donnés les historiens du Laboratoire d’Histoire des sciences et des techniques (LHST) en suivant les traces des frères Deluc, deux savants genevois de la fin du XVIIIe siècle. En août dernier, ils ont gravi le Mont Buet, montagne de Haute-Savoie, munis de répliques d’instruments scientifiques d’origine. Accompagnés de chercheurs, d’un conservateur de musée et d’artistes, ils ont vécu une aventure humaine et intellectuelle en miroir de l’expédition du XVIIIe siècle mais aussi en immersion dans la réalité actuelle des sommets alpins.

Les historiens (Jérôme Baudry, Simon Dumas Primbault, Ion Mihailescu), les chercheurs (Nicolas Chachereau, Marianna Fenzi, Nicolas Nova,) le conservateur de musée (Stéphane Fischer) ont emporté avec eux une réplique du baromètre conçu par Deluc et amélioré par Pictet, qui a été réalisée par le Musée d'histoire des sciences de Genève avec l'aide d'artisans locaux. Comme lors des acensions du XVIIIe siècle, les savants sont accompagnés par des dessinateurs qui documentent l’ascension ainsi que les caractéristiques géographiques, géologiques, climatiques, écologiques et sociales des lieux traversés. Les sciences naturelles s’exercent ainsi directement dans le milieu d’apparition des phénomènes : on observe la flore et la faune, les glaciers et les rochers, l’air et la lumière, les autochtones ou les touristes. La montagne devient un véritable laboratoire de la nature.

L'APPORT ARTISTIQUE:
A l’instar de cette pratique, trois artistes ont été invités à accompagner les historiens et les chercheurs. Deux artistes visuelles, la photographe Olga Cafiero et la dessinatrice Pascale Favre ainsi qu’une artiste sonore, Joell Nicolas, ont réalisé durant l’expédition des travaux d’observation, d’analyse, d’écoute, d’interprétation de ce qui se passait autour d’elles, dans le groupe, et en elles-mêmes.

Avec une photographie précise, directe, clinique presque, Olga Cafiero a ponctué l’ascension de prises de vue des cascades, des roches, du cirque de montagnes, des instruments scientifiques en action et des touristes. Tirées en grand format (A0), ces images offrent des suspens qui monumentalisent certains éléments (les cailloux, par exemple), ou qui amplifient le paysage en dévoilant ses formes infinies et ses matières agitées dans les chutes d’eau ou dans les nuages. Proche des chercheurs, la photographe a mis en évidence les instruments de mesure et leur utilisation, leurs composants matériels et leurs couleurs, intégrant ainsi dans le décor naturel la présence technique propre à cette mission.

Pascale Favre a réalisé un travail de peinture et de dessin. Familière des randonnées en montagnes, amatrice de la flore alpine, elle a tracé à l’encre de Chine et à l’aquarelle une série de vues paysagères elliptiques et minimales. Celles-ci mettent en évidence de manière abstraite un vallon profond, un rais de lumière frappant un pré, une combe tombée dans l’ombre, un torrent au tracé net, un merveilleux champ de fleurs. Elle a conçu plusieurs planches de fleurs dessinées avec une précision botanique, agencées comme dans un herbier. Traçant d’abord les plages de couleur à l’aquarelle, Pascale Favre termine sa peinture par les contours des formes dessinés à l’encre de Chine, comme une écriture souple et fluide définissant l’espace.
Une série de planches réalisées aussi par Pascale Favre, narrent la vie quotidienne du groupe durant l’ascension, les moments de pauses, le repos et le repas à la cabane ainsi que la descente. Telles des pages de BD, l’artiste insère parmi les scènes dessinées des textes qui légendent les images et racontent autant ce qui se passe que les sensations et sentiments de l’autrice.

Joell Nicolas a tendu son micro à toutes sortes d’éléments sonores surgissant durant la marche au Mont Buet. Créant des performances musicales, adepte de la musique électronique, elle a réalisé une pièce sonore qui combine bruits in situ, ceux de la nature (vent, cascades, oiseaux, etc.) et ceux des humains (chaussures sur les cailloux, respirations, voix, etc.) avec des sons électroniques créés autour de ce matériel documentaire. En résulte une composition qui se développe tel le récit d’une ascension et d’une descente, en pleine nature mais avec des humains. L’auditeur-trice est amené-e à interpréter les sons, à les reconnaître et à se laisser emporter pour revivre, à sa manière, cette ascension. La pièce sonore intitulée Les gens #1, est intégrée à une table d’orientation construite pour l’exposition, sur laquelle est affichée la reproduction d’une gravure du Mont Buet tracée par Marc Théodore Bourrit et publiée en 1779.

L'EXPOSITION:
Les planches relatant l’expédition historique font apparaître des juxtapositions et des superpositions de documents textuels et visuels : des citations de textes de Jean André Deluc, des extraits de correspondance entre le dessinateur Marc-Théodore Bourrit et Horace Bénédict de Saussure, des spécimens de fleurs alpines et de roches récoltés par Saussure, des gravures détaillant les différentes parties du baromètre de Deluc, ainsi que des aquarelles et des vues réalisées par Bourrit de la chaîne alpine telle qu’elle se rend visible depuis le Mont Buet.

Chaque planche est composée selon un design contemporain, sobre et facilement intelligible conçu par la graphiste Chloé Pannatier. L’idée directrice de ces quarante planches est la collection de documents et d’expériences variés, provenant de personnes et de temporalités différentes.

LES COLLABORATIONS:

  • Le Musée d’histoire des sciences, Genève
  • Le Museum d’histoire naturelle, Genève
  • Le Conservatoire et Jardin botaniques, Genève
  • La Bibliothèque de Genève
  • Les Archives de l’Etat de Genève
  • Chloé Pannatier, graphiste, Lausanne
  • Espacemontagne, montage de l’exposition, Ecublens
  • Origin’bois, menuiserie, Grangettes
La recherche historique, l’ascension du mont Buet, une partie de l’exposition ainsi qu’un site internet dédié - www.montbuet.net - ont été financés par un fonds Agora du Fonds national de la recherche scientifique (FSN).